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Auteur : Christine Van Acker
Date de saisie : 16/07/2014
Genre : Romans et nouvelles - français
Editeur : Dilettante, Paris, France
Prix : 15.00 €
ISBN : 9782842638023
GENCOD : 9782842638023
Sorti le : 07/05/2014
Ici, l'«Ici» majuscule de Christine Van Acker, n'est pas le «là» de tout le monde, un lieu-dit parmi d'autres, c'est son lopin d'élection. Un village à l'écart où elle réside dans l'ancien «café de la jeunesse». En rupture de ville, elle a choisi la campagne pour passer de l'urbanisme à l'urbanité, de la grisaille planifiée à la bienveillance spontanée, du dernier cri aux gens du cru. Ce qu'elle nous dit là d'Ici est un herbier d'impressions émues, une collecte de sentiments vifs et saillies brèves éprouvés par un couple de citadins immergés dans une ruralité accueillante. Un couple, néanmoins toujours entre deux mondes, pris entre les visites de ceux de «là-bas», la ville au loin, et la découverte de ceux d'Ici, devenus la fratrie quotidienne. «Chez ces gens-là», on ne triche pas trop, on «se balade peu», on rend service, on boit dru et on pisse raide, on vit selon. Il y a Albert qui chôme comme il respire, la horde des «barakis» repliée dans son repaire barbare, les voisins, les arbres, le ciel, le cimetière et les sentiers. Il y a même «la descente de la mort qui tue». Mais l'hôte majeur, c'est le temps et cette quatrième aiguille, figée, de l'horloge : l'ennui. Car, qu'on le veuille ou non, l'ennui est à la campagne ce que le stress est à la ville, et Christine Van Acker, au fil de ces feuillets regroupés d'une néorurale, se livre à une patiente analyse de la perception du temps : «grosse bouchée qui ne veut pas passer», cette «pelote que même le chat ne remarque plus», le temps collé à la tempe pour la «roulette russe d'une journée à vivre, ou non». Alors bienvenue «Ici» où «nul ne pourrait dire qui, du vivant ou du mort, est le voisin de l'autre».
Fille de bateliers, Christine Van Acker a gardé de son enfance un regard singulier sur les petits riens de l'existence. Elle réside en Gaume, en Lorraine belge, dans un village qui convient à sa démesure et à son manque de sérieux. Avant que ses livres ne soient mis à l'index, elle se dépêche de propager leur nécessaire impertinence.
«Christine Van Acker conduit le lecteur avec le plus grand naturel dans ces replis liminaux de la conscience, exercice narratif qui requiert des dispositions de chaman, de barde ou de poète, l'aptitude à remonter le fleuve Léthé; l'humour en sourdine rajeunit les archétypes, l'enchantement guette au passage.»
Michel Ots
Ici, c'est là. Plus précisément dans l'extrême sud-est de la Belgique wallonne, autrement dit la Gaume, ou encore la Lorraine belge, que bordent la France et le Luxembourg...
Ici, «la solitude se prend à bras-le-corps», «le péché partage, avec les tiques, le goût des replis humides» et le jus des morts coule dans les potagers. Ici, on sent la neige et on entend chanter les laitues. Ici, tout le monde rentre et range le linge du voisin, se paie en pommes de terre et ramène au bercail les poules égarées. Ici, Christine Van Acker relit Dubillard, Tardieu et Pirotte. Elle leur ressemble, car elle est drôle sans être méchante, caustique sans être cynique. Son joli livre sur l'ennui n'en dégage jamais. Et il rappelle qu'Ici, c'est partout.
Extrait de l'avant-propos
C'était lors d'un été pourri dans le Vaucluse. Pierre Autin-Grenier recevait la visite d'un journaliste responsable d'une rubrique littéraire. Très inspiré par les perturbations atmosphériques qui l'empêchaient de s'occuper de son jardin, il lui avait déclaré qu'il écrivait parce qu'il s'emmerdait à la campagne. Au vu de la pléthore de ses nouvelles publications reçues depuis lors, je constate que notre ami Pierre ne semble pas avoir cessé de s'emmerder, ni la pluie de tomber sur Carpentras. Son ennui serait-il devenu graduellement plus important au contact multivitaminé de sa substance verbale, responsable d'une accoutumance préjudiciable à son organisme d'auteur ? Écrire toujours plus pour s'emmerder un peu moins ?
J'ai beaucoup apprécié la compagnie de cet homme à l'époque où son lectorat n'était constitué que de quelques proches ou de son boucher en congé maladie. Alité, il tournait comme il le pouvait les pages du temps, faute d'objet plus tranchant pour tailler dans le vif du sujet animal. Pourquoi, dès lors, ne pas ouvrir à mains nues le dernier livre de l'un de ses fidèles clients ?
Pierre entretient un très bel espace arboré qui pourrait donner l'illusion qu'il vit en pleine cambrousse, sorte d'îlot préservé dans une petite commune de gens sans histoires. Ou, plus exactement, de gens qui ont oublié les leçons de l'histoire, dont ces quelques désagréments et effets secondaires de la peste brune lors de la dernière guerre. Aujourd'hui, elle revient s'asseoir sur leurs genoux, tout écoeurante de sucre et de miel rance, prête à sortir le dard au prochain jour du désordre nouveau. Pierre, il n'aime pas trop ça. Pour sortir de chez lui, il choisit d'aller s'oxygéner à quelques heures de là, dans les bistrots d'une belle et grande ville française, là où le bourgogne aligoté vit en bonne intelligence avec le gros rouge d'à côté, la limonade d'en face avec le Champagne du fond.
J'étais chez lui au mois de juin, l'année dernière, à 824 kilomètres d'Ici, dont 682 sur voies rapides en Provence-Alpes-Côte d'Azur. À l'occasion de mon absence, la Belgique affichait un soleil ironique tandis que le Vaucluse enfilait un pull de plus. Je pensais à l'un de mes compatriotes expatriés à l'année au pays de l'andouillette, à cet autre en villégiature dans celui du foie gras, tous deux flirtant crapuleusement avec leur feu ouvert, attendant que ça se remette à l'endroit. Le dérèglement climatique les forcerait-il à descendre plus bas, voire à revenir sur leurs pas, la mine pâle et la queue basse ?
Nous qui avons pris la grande décision de quitter la capitale depuis une dizaine d'années, en quête de plus vertes pâtures, nous opinons du chef : pour qui sait y faire, la campagne réunit les conditions favorables à l'épanouissement d'un bel ennui.
1) Qui êtes-vous ? !
Je suis un eucaryote métazoaire hétérotrophe appartenant au règne animal, embranchement des vertébrés, à reproduction sexuée.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
Ce livre pourrait être un manuel à l'usage des citadins dont les amis sont partis s'installer à la campagne.
Manuel aussi à l'intention des villageois qui ne comprennent pas toujours les motivations des citadins venus poser leurs valises chez eux.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
"Ça va, vous êtes bien intégrés ?"
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
Un concerto de tronçonneuses en scies mineures
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Des instantanés au coeur du vivant dont nous sommes tous.
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