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Auteur : Cécile Huguenin
Date de saisie : 05/03/2015
Genre : Romans et nouvelles - français
Editeur : Ed. Héloïse d'Ormesson, Paris, France
Prix : 17.00 €
ISBN : 9782350872988
GENCOD : 9782350872988
Sorti le : 15/01/2015
Trois femmes, trois générations, trois continents. Radhika, la belle Indienne déracinée, mariée par son père à un major anglais qui l'emmène loin de sa terre natale. Anita, l'adolescente britannique qui rencontre sur le chemin du pays de ses ancêtres un Français fou de l'Inde. Et Mira, la quarteronne au doux visage couleur de mangue, partie vivre en Afrique où son destin l'attend. Sur le sentier sinueux de la tolérance, chacune apprendra à combattre - les préjugés et à déjouer les pièges de l'exil en invoquant les traditions.
La Saison des mangues est un voyage aux saveurs universelles, un hymne au partage, une ode à la mixité culturelle. Sensible et juste, Cécile Huguenin nous entraîne dans un univers magique où la vie n'est pas exempte de douleurs mais sonne avant tout comme un espoir, une promesse.
CÉCILE HUGUENIN a été psychologue et coach. Alzheimer mon amour, extraordinaire témoignage, a paru aux Éditions Héloïse d'Ormesson en 2011. A soixante-quatorze ans, La Saison des mangues est son premier roman.
C'est un matin ordinaire de ce gris parisien qu'elle s'est mise à aimer. De la fenêtre de sa cuisine perchée au-dessus du parc, Anita aperçoit la cime des arbres qui lui racontent les saisons et lui font des signes de sémaphore les jours de grand vent. Elle se penche au-dessus de la poêle où le beurre fond lentement en laissant de minuscules cristaux de sel qui crissent sous la spatule.
La préparation du petit déjeuner est l'heure de son «rassemblement». Un rituel quotidien pour ne pas se perdre, elle aussi. Pour récolter les morceaux d'elle-même que la nuit a dispersés et, chaque matin, recomposer sa vie avec les pièces manquantes. Les fibres de son être, François et Mira, Mira sa fille et François son amour, partis chacun de leur côté à la poursuite de leurs chimères. Mais elle, Anita, doit veiller. C'est la sentinelle, la gardienne du foyer déserté. Être là pour les accueillir le jour où... Elle n'ose jamais terminer la phrase. Elle sait bloquer à temps le poison de l'espoir.
Elle dépose délicatement, en prenant bien soin de ne pas les faire chevaucher, les tranches de bacon rosé qui grésillent et lui soufflent au visage une bouffée familière. Mais traîtreusement, l'effluve transporte dans son sillage une cohorte de clandestins. Anita parvient d'habitude à les maintenir dans le parloir de sa mémoire, où ils attendent qu'elle les convoque. C'est elle qui décide de leur ouvrir la porte. Aujourd'hui, cependant, ils s'imposent. Elle doit leur résister de toutes ses forces. Elle s'agrippe des deux mains au rebord de l'évier, ses phalanges blanchissent sous l'effort, son dos se voûte légèrement, comme pour parer une tornade qui s'annonce. Sa longue natte noire dévale de sa nuque jusqu'au creux de ses reins. Chevelure déjà rayée de traces argentées. «L'écume de l'amour», se dit-elle à mi-voix lorsqu'elle brosse ses cheveux, la marque de ses chagrins. C'est tout ce qui lui reste de ses disparus.
Sa silhouette est étroitement dessinée par la robe dans laquelle Anita se glisse au saut du lit. Une robe rouge récupérée dans une friperie au milieu de vieilles nippes, dont elle a fait sa «robe de maison». Depuis son arrivée en France, elle n'a jamais pu adopter les robes de chambre dans lesquelles les femmes d'ici s'enveloppent au petit matin. Elle se préfère enlacée par ce tissu doux comme une seconde peau qui redonne forme à son corps.
«Sexy», avait dit Mira. Un mot inconnu d'elle, vocable banni de son enfance corsetée par les pudibonderies anglicanes autant que de la prude éducation indienne qui avait pris la suite. «Ne relève pas ton sari plus haut que le mollet», criaient ses tantes lorsqu'elle trempait ses pieds dans le golfe du Bengale. Mandatées par la famille pour transformer en véritable Indienne l'écolière débarquée de la British Airways en jupe plissée et blazer à écusson, elles lui enseignaient quelles parties du corps il est bienséant d'exposer, les chevilles et un fragment de peau entre la ceinture et le rebord du boléro. En public, oui. (...)
1) Qui êtes-vous ? !
Je suis une nomade pas encore arrivée à destination qui avance guidée par des rêves à réaliser et animée par le désir de partager les découvertes glanées tout au long de son chemin.
2) Quel est le thème central de ce livre ?
C'est le périlleux itinéraire de la route du Soi, quel que soit l'âge auquel on l'entreprend. Et chemin faisant, les rencontres qui font bifurquer, la découverte de «l'étrange étranger» que nous sommes pour l'autre, et ce qu'il nous apprend si l'on sait écouter.
3) Si vous deviez mettre en avant une phrase de ce livre, laquelle choisiriez-vous ?
«L'envie de réintégrer le monde des vivants, c'est de leur exemple que je l'ai reçue. Si ces deux femmes que tout séparait, la naissance, la culture, l'éducation, l'argent et même la souffrance, ont pu tisser ce lien en se jouant des tabous et des préjugés, alors c'est que tout est possible. Tout est à inventer.»
4) Si ce livre était une musique, quelle serait-elle ?
«HISTOIRE DU SOLDAT» d'Igor Stravinsky. Un chemin de tentations et d'embuches dans la quête de soi, soutenu par un dialogue endiablé entre le violon, le piano et la clarinette.
5) Qu'aimeriez-vous partager avec vos lecteurs en priorité ?
Je crois que l'auteur propose et c'est le lecteur qui choisit ce qu'il veut partager avec son livre. J'aimerais par ce livre proposer aux lecteurs le rêve comme projet, sa réalisation comme programme, sachant qu'il est risqué de se tracer une vie sans risques.
6) Avez-vous des rituels d'écrivain ? (Choix du lieu, de l'horaire, d'une musique de fond) ?
Je promène avec moi en permanence des carnets de toutes les couleurs que je remplis de notes, de phrases lues ou entendues, d'idées qui me traversent. C'est spontané et désordonné. Quand j'entre en écriture, je m'isole pendant plusieurs mois jusqu'à l'aboutissement d'une première version. Musique de fond qui tourne en boucle et change à chaque fois. C'est «Ten New Songs» de Leonard Cohen qui a accompagné «La Saison des mangues».
7) Comment vous vient l'inspiration ?
Par surprise plus que par réflexion. Le jour, la nuit. En marchant. Dans le train. Sous la douche. En lisant un autre livre. En écoutant la radio, une émission, une chanson. Un rêve. Une rencontre. Un regard. Un sourire. Une odeur. Un paysage.
8) Comment l'écriture est-elle entrée dans votre vie ? Vous êtes-vous dit enfant ou adolescente «un jour j'écrirai des livres» ?
Dès mes premières lectures j'aimais raconter aux autres les histoires que je venais de lire. A huit ans j'ai décidé que «moi aussi j'écrirais des histoires». Vocation tardivement réalisée, mais longuement fertilisée par l'expérience et les autres auteurs.
9) Vous souvenez-vous de vos premiers chocs littéraires (en tant que lectrice) ?
Le «réalisme magique» de Marcel Aymé capable de nous entrainer dans une réalité fantastique sans effets spéciaux m'a très tôt fascinée. Albert Camus m'a révélé que les histoires intimes des personnages sont des passages secrets vers une réalité plus large.
10) Savez-vous à quoi servent les écrivains ? !
L'écrivain détient le merveilleux et redoutable pouvoir des mots. Libre à lui d'en faire usage. Témoigner. Inventer. Provoquer. Faire rêver, rire ou pleurer, oublier ou se souvenir, réfléchir, réagir. Puis, passer le relais au lecteur.
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