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Auteur : Victor del Árbol
Traducteur : Claude Bleton
Date de saisie : 10/04/2017
Genre : Policiers
Editeur : Actes Sud, Arles, France
Collection : Actes noirs
Prix : 22.50 €
ISBN : 9782330072667
GENCOD : 9782330072667
Sorti le : 04/01/2017
L'inspecteur Ibarra a été transféré depuis trois ans dans un commissariat de sa Galice natale après avoir brillamment résolu l'affaire de la petite disparue de Malaga. Le 20 août 2010, 0 h 15, il est appelé par l'hôpital de La Corogne au chevet d'une femme grièvement blessée. Elle ne veut parler qu'à lui. Dans un sombre compte à rebours, le récit des événements qui l'ont conduite à ce triste état fait écho à l'urgence, au pressentiment qu'il pourrait être encore temps d'éviter un autre drame.
À mesure que l'auteur tire l'écheveau emmêlé de ces deux vies, leurs histoires - tragiques et sublimes - se percutent de plein fouet sur une côte galicienne âpre et sauvage.
Une fillette fantasque qui se rêvait oiseau marin survolant les récifs, un garçon craintif qui, pour n'avoir su la suivre, vit au rythme de sa voix, un vieux chapelier argentin qui attend patiemment l'heure du châtiment, un vétéran des Malouines amateur de narcisses blancs...
Aucun personnage n'est ici secondaire et l'affliction du passé ne saurait réduire quiconque au désespoir. Chacun est convaincu que le bonheur reste à venir, ou tente pour le moins de s'inventer des raisons de vivre. C'est ainsi que, dans ce saisissant roman choral, l'auteur parvient à nimber de beauté l'abjection des actes, et de poésie la noirceur des âmes.
Victor del Arbol est né à Barcelone en 1968. Après des études d'histoire, il a travaillé dans les services de police de la communauté autonome de Catalogne. Actes Sud a publié La Tristesse du Samouraï en 2012 et La Maison des chagrins en 2013. Son dernier roman, Toutes les vagues de l'océan, a été élu grand prix de Littérature policière, roman étranger, 2015.
L'Espagnol Victor del Arbol joue avec les codes du film noir dans un somptueux roman choral, porté par un personnage de flic mélancolique...
Dans la pure tradition du roman noir, Ibarra est un flic désabusé qui a la tragédie dans le sang. Mal marié à Carmela, adepte du yoga et des médecines parallèles, il ne fait confiance qu'aux faits bruts. Sa raison - et celle du lecteur - va pourtant être sérieusement malmenée dans ce polar choral qui fait littéralement parler les morts...
Prisonnier d'un entre-deux, à la frontière du bien et du mal, du crime et de la justice, Ibarra ne peut se défaire de la voix entêtante du meurtrier, la ligne de basse de ce beau roman d'atmosphère qui s'achève au lever du jour, sur une phrase obsédante murmurée par les vagues.
Il a été séminariste, policier, garde du corps... Les multiples vies de l'auteur catalan, «écrivain de l'expérience», nourrissent son oeuvre sombre. «La Veille de presque tout» n'échappe pas à la règle...
Une nouvelle fois, le lecteur est emporté dans les méandres du récit de Victor del Arbol, qui sait mieux que quiconque écrire la douleur et la tristesse. La Veille de presque tout, qui a reçu en Espagne le prestigieux prix Nadal, est à la fois un roman noir et un roman intimiste et philosophique sur la solitude des êtres qui errent dans le monde, comme les âmes perdues dans les limbes.
Le bien et le mal, la haine et la quête de rédemption irriguent les romans du Catalan Víctor del Arbol, depuis La Tristesse du samouraï (2011) jusqu'à ce quatrième livre, La Veille de presque tout...
De l'Espagne franquiste aux tortures de la dictature argentine, Víctor del Arbol interroge ces hommes et ces femmes qui cherchent des raisons de vivre sans oublier les leçons du passé.
Ex-séminariste et ex-policier, l'auteur catalan embrasse avec maestria dans ses romans la question du bien et du mal...
La preuve avec son nouveau récit dostoïevskien, où il est question d'amour et de haine, de vengeance et de rédemption impossible à travers l'enquête de l'inspecteur Ibarra. Ce flic, célèbre pour avoir résolu l'affaire de « la petite disparue de Malaga », est appelé au chevet d'une femme hospitalisée à La Corogne après avoir été sauvagement battue. Il reconnaît la mère d'Amanda, la victime du pédophile qu'il avait éliminé sans pitié, appliquant sa justice toute personnelle...
Ni un curé ni un flic, encore moins un moraliste. Mais un passionnant écrivain.
1
La Corogne, vendredi 20 août 2010
0h 15
À travers le rideau à rayures de son bureau, Ibarra regarde la rue déserte et les passages piétons, sur lesquels se reflètent les changements de couleur des feux, que personne n'emprunte. Cette quiétude froide et lunaire, cette solitude, a un côté fantomatique. Chaque frange horaire a son caractère et ses habitués; comme si les heures avançaient vers un horizon que personne ne peut voir, étrangères à la volonté de ceux qui l'habitent. Avant, il aimait la nuit, car on n'y trouve pas d'ombres. Tout était clair dans l'obscurité. Lui et les autres - le reste du monde - séparés par une membrane invisible, mais impénétrable. Plus maintenant. Maintenant, il a peur de trop penser, d'être obligé de noyer le silence qui l'entoure dans les bruits de sa tête.
Ce soir, il y aura une pluie d'étoiles filantes, et le bulletin d'informations à la radio conseille à qui veut la voir de choisir un endroit à l'abri de la pollution lumineuse, et d'avoir à portée de main un voeu à formuler. Les gens sont convaincus que cette lumière qui dure le temps d'un battement de paupières possède un pouvoir magique. Toutefois, pour Ibarra, les étoiles filantes sont des choses mortes qui s'éteignent sans rien laisser, des fragments de roche qui se consument en entrant dans l'atmosphère ; le feu qui les fait briller ne leur appartient pas, ne vient pas d'elles, mais de la friction extérieure. Il n'y a rien de magique dans ce phénomène.
D'après Carmela, sa femme, il est devenu un mécréant. Il devrait l'écouter et aller avec elle aux cours de yoga. Elle pense que ces cours l'aideraient à "se connecter" avec son être intérieur, à balayer les toiles d'araignée qui l'encombrent. Avec le fanatisme d'une néophyte fraîchement convertie, son épouse assure qu'elle n'est plus la même depuis qu'elle prend ces cours ; elle affirme savoir ce qui lui arrive et pourquoi. Mais quand Ibarra lui demande quels sont ces problèmes qu'elle peut maintenant affronter, Carmela regarde ses mains, les referme lentement et détourne les yeux :
- Tu sais très bien de quoi je parle.
Ah oui, bien sûr qu'il le sait; Ibarra n'a pas besoin d'un yogi barbu pourvu d'un diaphragme en gélatine pour savoir ce que renferme le silence de son épouse. Carmela peut se raser la tête si elle le veut, porter une tunique violette et remplir la maison d'encens et de myrrhe, de clochettes et de tapis de coco, cela n'y changera rien. Ibarra ne peut cesser d'être ce qu'il est.
Son bras avance sur la table, rapproche un lourd cendrier, allume une cigarette et presque aussitôt y secoue sa cendre. Un léger ronflement nasal lui échappe à chaque expiration, comme s'il était un mineur silicose. Son père respirait de la même façon. Curieusement, c'est le souvenir le plus net qu'il ait conservé des visites à son géniteur : les doigts dont la face intérieure était tachée de nicotine, l'odeur lourde, les dents jaunes et sa respiration sifflante. Son père, qui est mort coincé dans sa propre guerre, incapable d'échapper à son passé - la vie dans les montagnes, la prison -, semble lui parler du fond de ses poumons goudronnés, mais Ibarra refuse de l'écouter. En fin de compte, il y a des leçons qu'on n'apprend jamais.
(...)
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